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254 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
à 12 écus soleil l'aune carrée. Pour cette somme, Dubout s'engageait à rehausser de soie la tenture dans toutes les parties où cela serait nécessaire, surtout dans les clairs, sans employer de peinture pour les visages et les carnations. D'ailleurs, il venait de livrer la Nativité de Jésus - Christ, qui devait servir de type aux ouvrages subséquents. Ce traité porte la date du 2 septembre 1584.
La Fie de Jésus-Christ, si précieuse .comme échantillon de la fabrication de l'atelier de la Trinité, n'existait déjà plus au début de la révolution. Le volumineux ouvrage de Piganiol de la Force ne la mentionne même pas. Il en existe cependant deux fragments, une tête de Christ et une tête de saint Pierre, l'une au musée des Gobelins, l'autre au musée de Cluny. Les vingt-sept dessins du recueil déposé au cabinet des Estampes donnent une idée aussi complète que possible des compositions de Lerambert; comme ces dessins sont peu connus, nous avons fait reproduire le vingt-cinquième sujet, où est figurée V Ascension.
Nous ne savons guère à quel atelier se serait adressée Catherine de Médicis pour la traduction de VHistoire d'Artémise, si elle n'employa pas les métiers de la Trinité. Les modèles, cette fois encore, étaient, en partie du moins, de Lerambert, qui, comme peintre du roi, avait spécialement mission d'approvisionner de cartons les manufactures royales de tapisseries. Sur cette suite, comme sur la tenture de Saint-Merri, il nous reste un témoignage contemporain des plus précieux : c'est une série de trente-huit dessins, conservés ainsi que les précédents au cabinet des Estampes, et attribués les uns à Lerambert, les autres au peintre Antoine Caron. Un personnage du temps, qui paraît avoir joui d'une certaine faveur auprès de Catherine, le sieur Nicolas Houel, forma ce recueil et l'enrichit, suivant un usage assez répandu ', de pièces de vers et de sonnets de sa composition. Cet album a le grand mérite de nous faire saisir l'idée générale qui a présidé à la composition des scènes de l'histoire d'Artémise. Il nous apprend que ces chars magnifiques, aux formes étranges et vallées, appartiennent, d'une part, à la pompe triomphale célébrant les victoires d'Artémise sur les Bhodiens; de l'autre, aux funérailles solennelles du roi Mausole. À côté de ces sujets, qui prêtent beaucoup à la décoration, et dont l'artiste a su tirer le
1 Voyez notamment le Livre de Fortune de la bibliothèque de l'Institut, attribué, dans un récent travail, à Jean Cousin.
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